Une nuit plus tranquille

La deuxième nuit de course a été plus facile à gérer pour les solitaires de la Route du Rhum-Destination Guadeloupe, même si les conditions météorologiques sont toujours aussi toniques, de la pointe bretonne au large du Portugal… Loïck Peyron mène encore le train à plus de 25 nœuds de moyenne alors que plusieurs navigateurs devraient reprendre la mer après avoir réparé en escale technique.

Loïck Peyron était incontestablement fatigué ce mardi matin : depuis le départ de Saint-Malo, les heures de pause n’ont pas été très longues et le skipper du Maxi Solo Banque Populaire VII s’est même endormi plusieurs fois à la barre, risquant la sortie de route ! Heureusement, au large de Porto ce mardi matin, la mer commence à s’organiser même si le vent est toujours très instable entre 25 et 40 nœuds. A plus de 150 milles au large de la péninsule ibérique, le trafic maritime n’est plus un problème et c’est sous deux ris et foc de brise que les leaders déboulent dans ce flux de Nord-Ouest qui va les propulser jusqu’à Madère, archipel qu’ils devraient contourner ce mardi soir.

Madère en soirée

Pour les monocoques IMOCA et les Multi50, le golfe de Gascogne est toujours très mouvementé et si Yves Le Blévec (Actual) et Erwan Le Roux (FenêtréA-Cardinal) vont passer à proximité du cap Finisterre ce mardi midi, les monocoques de 60 pieds ont décidé de prendre beaucoup plus au large (150 milles) dans le sillage de François Gabart (Macif). Leur objectif est de se rapprocher de l’anticyclone des Açores pour couper au plus court vers les alizés.

La péninsule ibérique est encore loin (200 milles) pour les Class40 qui naviguent dans un régime de secteur Ouest-Nord Ouest très instable et la nuit prochaine au large du cap Finistère, les conditions météo vont encore être très rudes avec 25 à 35 nœuds de vent sur une mer forte à grosse : gagner dans l’Ouest est une priorité pour éviter le trafic maritime et le plateau continental qui rend les vagues très chaotiques. Sébastien Rogues (GDF SUEZ) se décale ainsi progressivement quand l’Espagnol Alex Pella (Tales 2 Santander) privilégie la vitesse…

Enfin le match est très ouvert en Classe Rhum entre le monocoque de l’Italien Andrea Mura (Vento di Sardegna) qui suit les IMOCA au large et le trimaran d’Anne Caseneuve (Aneo) qui glisse au sein du peloton des Class40 au cœur du golfe de Gascogne. Les alizés portugais sont prévus pour mercredi matin…

Côté abandon, treize solitaires ont annoncé qu’ils jetaient l’éponge mais plusieurs concurrents en escale technique à Roscoff, l’Aber Wrac’h et Brest devraient reprendre la mer au petit jour à l’image de Charlie Capelle (Acapella), de Jean Galfione (Serenis Consulting) ou de Ricardo Diniz (Parisavia.fr) qui sont repartis en course lundi. Le premier Ultime a déjà parcouru plus de 600 milles quand le dernier Classe Rhum n’en a fait que 60 milles !

Témoignages des skippers :

Loïck Peyron – Maxi Solo Banque Populaire VII (Ultime) – 1er au classement de 4h00
« La mer commence à  s’aplatir : la meilleure nouvelle que nous ayons eue depuis 48 heures ! Mais ça bouge beaucoup, énormément même. Le vent est toujours très instable : ça va de 25 à 40 nœuds dans les grains et on ajuste tout le temps le pilote. Les conditions jusqu’à présent étaient dantesques. Cette nuit, c’est beaucoup mieux : il y a de la lune, quelques nuages, pas beaucoup de bateaux, les grandes manœuvres vont commencer. Cela ne peut que s’améliorer. D’ici demain cela sera nettement plus confortable. J’ai passé beaucoup d’heures à la barre et même avec ce bateau qui est large, j’ai failli le mettre sur le toit en m’endormant à la barre : en tombant, j’ai fait abattre le bateau et le temps de remettre tout cela en place, je me suis fait quelques cheveux blancs ! »

Marc Guillemot – Safran (IMOCA) – 3ième au classement de 4h00
« C’est assez actif, mais on fait avec. Les conditions sont relativement bien musclées et c’est vrai que tout se passe bien. Là, je me mets un petit peu en mode pilote. Il y a des grains assez soutenus. Nous avons 30 à 32 nœuds et j’étais un peu trop toilé. Maintenant, j’ai juste la grand-voile. Je suis sur la trajectoire que j’avais envisagée avant de partir et a priori les conditions vont être de plus en plus maniables. »

Erwan Le Roux – Fenétrea-Cardinal (Multi50) – 2ième au classement de 4h00
« C’est toujours aussi instable ! Il y a des molles et aussi de grosses rafales à 35 nœuds, c’est assez périlleux. Je me suis accordé du repos en ce début de nuit, j’étais un peu crevé. Pour le passage du Cap Finisterre, je vais faire l’intérieur du DST… « S’organiser » à bord est un bien grand mot : le bateau est propre mais j’ai pas pu beaucoup manger. »

Thibaut Vauchel-Camus – Solidaires en peloton (Class40) – 2ième au classement de 4h00
« Ça galope ! Le vent est Ouest à Nord-Ouest, 12 à 30 nœuds… A priori je fais de la route. Je ne me préoccupe pas trop de savoir où sont les autres. Je verrai comment ils étaient quand je serai en approche du cap Finisterre : passage prévu en début d’après-midi. Le bateau va bien et l’homme est un peu fatigué : c’est normal, il y a eu un dernier mois intense à terre et l’ambiance est assez humide en ce moment à bord ! »

 

Source : PenDuick communiqué du 04.11.2014
Crédit photos © A.COURCOUX

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