Scission alizéenne

Si presque tous les concurrents de la Route du Rhum-Destination Guadeloupe sont encore sous l’influence d’un régime de Nord toujours puissant, la situation va radicalement changer pour ce troisième jour de mer entre les Ultime, toujours emmenés par Loïck Peyron au large de Madère, les IMOCA en approche des Açores, les Multi50 et les Class40 du côté du cap Finisterre…

« Demain est un autre jour » : les 74 solitaires encore en course vont réellement s’en rendre compte dès ce mercredi soir lorsqu’une dépression atlantique va balayer la flotte des Açores au golfe de Gascogne. Les seuls à être épargnés seront les trimarans Ultime, déjà au large de Madère ! Ils bénéficient d’un alizé de secteur Nord qui a sérieusement molli à une vingtaine de nœuds et glissent désormais sous l’anticyclone : la difficulté va être d’anticiper les empannages sur une route nettement moins bosselée dans un régime de brise de Nord-Est, tournant progressivement à l’Est.

Changement de régime

Loïck Peyron (Maxi Solo Banque Populaire VII) pourrait en profiter pour s’échapper car déjà ce mercredi matin, le vent était plus favorable par devant : dorénavant sous grand-voile haute et gennaker, les sept solitaires Ultime vont enfin souffler et reprendre des forces après ces deux jours et demi intenses dans la brise. Ce ne sera pas le cas pour les monocoques IMOCA toujours menés par François Gabart (Macif) qui, sur une route directe vers les Antilles, vont devoir traverser cette perturbation à l’approche des Açores : il va falloir manœuvrer et faire route contre un vent tournant à l’Ouest voire au Sud-Ouest dans la soirée en se renforçant.

Pour les Class40 aussi, le changement de temps va créer une scission de la flotte entre les leaders emmenés par Kito de Pavant (Otio-Bastide Médical) et Thibaut Vauchel-Camus (Solidaires en Peloton) déjà au large de Porto ce mercredi matin, et les retardataires qui ont été obligés de faire escale à l’image de Jean Galfione (Serenis Consulting) ou Brieuc Maisonneuve (Groupement Flo), encore au milieu du golfe de Gascogne comme nombre de solitaires de la Classe Rhum.

A noter plusieurs escales techniques avec Christophe Coatnoan (Normandie Sussex) qui fait face à des problèmes électriques et fait route vers La Corogne, un port espagnol où il retrouvera Thomas Nicolas (Guadeloupe Grand Large 1001 Piles Batteries) qui doit résoudre des problèmes de transmission de safrans. Le Belge Michel Kleinjans (Visit Brussels) est quant à lui à Camarinas pour des soucis de voiles, alors que Louis Duc (Advanced Energies Carac) est en escale technique à Brest. Quant à Yves Le Blévec (Actual) en multi50, il fait route vers Lisbonne pour réparer ses girouettes électroniques, et Luc Coquelin (Guadeloupe Dynamique) en Classe Rhum se détourne vers l’Espagne pour valider la fixation de sa quille.

Ainsi les grands multicoques sont dorénavant dans les alizés portants jusqu’à l’arrivée en Guadeloupe : la bataille va se jouer aux manoeuvres pour ne pas s’enferrer dans les calmes de l’anticyclone. Pour les autres classes, il y aura du vent contraire à négocier dès ce mercredi après-midi, ce qui risque de bouleverser le classement selon le positionnement des uns et des autres…

Ils ont dit

Erwan Le Roux – FenêtréA-Cardinal (Multi50) – 2ème au classement de 4h00
« C’est plus calme depuis deux heures et j’en profite pour dormir. J’étais entre deux micro-siestes. Nous allons aller chercher le front qui traverse l’anticyclone : retour au près avec un virement de bord avant de glisser sous l’anticyclone. Légère avance de Lalou Roucayrol qui semble bien placé pour cette bascule du vent. Yves Le Blevec va à Cascais et ça va forcément le retarder mais c’est ça la Route du Rhum-Destination Guadeloupe : on ne sait jamais ce qu’il peut se passer ! Aujourd’hui, c’est la journée où l’on recharge les batteries. J’ai fait alimentation normale hier soir avec entrée-plat-dessert. J’ai le sentiment que le rythme s’installe et c’est pas mal. Je me prévois un bon petit déjeuner pour tout à l’heure et ça, c’est bien aussi ! »

Yann Guichard – Spindrift 2 (Ultime) – 2ème au classement de 4h00
« Cela n’a pas été simple : je suis très fatigué mais le reste se passe bien. Je suis sous gennaker et grand-voile haute et ça glisse tranquille. Je me reposais un petit peu. Au niveau des conditions météo, c’est plus découvert car on est dans une petite transition vers les alizés. Les derniers jours n’ont pas été reposants pour tout le monde, et maintenant il va y avoir beaucoup d’empannages à gérer. Le bateau marche entre 13 et 21 nœuds maximum… »

 Source : PenDuick communiqué du 05.11.2014

Crédit photos © A.COURCOUX

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