Jean-Paul Dubreuil : Air Caraïbes, une aventure formidable

Jean-Paul Dubreuil bonjour. Vous êtes le fondateur d’Air Caraïbes et son Président du Conseil de Surveillance.
Quel est votre sentiment à l’aube de l’anniversaire des 10 ans de vols transatlantiques ?
Tout d’abord, j’ai l’impression que le début de cette aventure formidable était hier et je n’arrive toujours pas à croire que nous lancions des vols long-courrier il y a déjà 10 ans. Ensuite, c’est une grande satisfaction, une fierté d’avoir réussi un tel pari : lancer une compagnie aérienne privée depuis les Antilles. C’est aujourd’hui sans doute le plus grand challenge de ma carrière.

Racontez-nous pourquoi et comment vous vous êtes lancé dans l’aventure Air Caraïbes ?
L’aventure Air Caraïbes est dans la lignée de mes expériences d’entrepreneur dans l’aérien avec notamment la création d’Air Vendée (1975), rebaptisée Régional Airlines en 1992 et que je cède le 1er avril 2000 à Air France. J’en quitte alors la présidence avec une certaine nostalgie de l’aérien côtoyant ce secteur depuis l’âge de 16 ans. Mais en 1998 et en parallèle, j’ai investi dans une petite structure aérienne régionale qui s’appelait déjà Air Caraïbes.
En 2000 quand je me retrouve libéré de Régional Airlines, je me pose la question de faire quelque chose aux Antilles avec cette petite compagnie que je possède. J’ai alors été sollicité par les propriétaires d’Air Guadeloupe pour les aider à sortir d’une situation financière difficile. J’ai donc constitué une nouvelle structure « Air Caraïbes » confortée par le volume d’activité d’Air Guadeloupe, avec de petits avions de 9 à 70 places, uniquement positionnée sur le secteur court-courrier aux Antilles. La compagnie tourne alors difficilement. Nous avons beaucoup de difficultés à remettre l’entreprise sur les rails.
En 2001, je rencontre Marc Rochet, dirigeant reconnu de compagnies aériennes et avec qui j’échange sur nos problématiques. J’entame alors avec Marc une réflexion sur l’avenir d’Air Caraïbes. Fin 2002, quand on s’aperçoit qu’Air Liberté va déposer le bilan, on se demande alors si cela n’est pas une opportunité pour Air Caraïbes de se positionner sur le long-courrier et ainsi sortir d’une situation où l’entreprise peine à trouver un équilibre financier. Et Air Caraïbes rencontre ensuite le succès qu’on lui connaît.

Avez-vous une anecdote qui symbolise cette aventure ?
Entre fin 2002 et début 2003, on se retrouve avec cette idée de lancer des vols long-courrier et on pensait que nous n’avions pas les moyens de nous lancer seuls dans l’aventure. On a donc essayé pendant 4 ou 5 mois de rechercher des partenaires pour conforter notre capital de lancement. On décide de faire la cour à des investisseurs notamment publics pour les convaincre de nous aider. A l’époque, les Conseils Régionaux avaient déjà pas mal aidé de petites compagnies aériennes locales avec des expériences mitigées. Je m’aperçois très vite que l’on ne va pas aboutir à trouver un partenaire. Mi 2003, je me revois alors face à ma glace en me demandant « est-ce que tu vas y aller tout seul ou tu laisses tomber ? ». En tant qu’entrepreneur, on fait souvent face à cette solitude qu’accompagne ce type de réflexion et autour de moi les gens se montraient très prudents… Mais j’étais persuadé qu’il fallait ouvrir le long courrier pour pérenniser Air Caraïbes.
En conclusion, si je voulais me lancer, il fallait que je le fasse tout seul… Il m’a donc fallu trouver en interne des moyens et cet épisode reste un moment fort car c’est réellement l’instant où j’ai dit à tout le monde « ok on y va et on va réussir ! ».

Quelle est votre plus grande fierté aujourd’hui ?
C’est d’avoir fédéré des femmes et des hommes. Nous n’aurions pas pu réussir s’il n’y avait pas eu une grande motivation au sein des équipes Air Caraïbes. On a démarré avec 300 personnes quand nous n’étions alors qu’une petite compagnie régionale. Puis on a recruté 200 personnes pour le lancement du long-courrier. Aujourd’hui nous sommes 900 ! Nous avons réussi à fédérer les salariés en grande majorité antillais, autour d’un projet fort. Un grand pari car l’image à l’époque du transport aérien aux Antilles n’était pas bonne ; or j’étais persuadé que nous pouvions réussir avec et pour les Antillais. 10 ans après, le pari est gagné et c’est une fierté notamment d’entendre aujourd’hui comme hier des retours très positifs de nos clients sur nos personnels de bord et au sol.

Quels sont les prochains axes du développement d’Air Caraïbes ?
Très bonne question ! Tout d’abord, la desserte entre la Métropole et les Antilles est un marché solide qui contre vents et marées croît chaque année d’environ 2 à 3 %. Pour un entrepreneur, c’est une sécurité de travailler sur un marché solide. Nous faisons face par ailleurs à une compétition très rude avec l’arrivée d’un nouvel entrant. L’objectif est donc de conserver les coûts les plus bas pour être le mieux-disant au niveau des prix proposés à nos clients. Aujourd’hui je travaille donc à préparer l’avenir de notre flotte en 2017, qui apportera des plus considérables en matière de coût de production (par une baisse importante de la consommation de carburant) ainsi qu’en matière de confort et d’innovations, deux valeurs essentielles chez Air Caraïbes. Posséder des avions performants, modernes et donc confortables est également le choix que nous avions fait en 2003 et qui nous a permis tout de suite de convaincre les clients.

D’autres destinations ?
Ce n’est pas à ce jour d’actualité. Notre réseau au départ de Paris couvre la zone Caraïbes depuis Cayenne jusqu’à Port-au-Prince et trop de compagnies ont perdu leur âme à s’éparpiller.
Nous consolidons et développons donc nos positions.
En résumé, je suis donc très confiant en l’avenir d’Air Caraïbes, une entreprise à taille humaine. Nous devons continuer d’être imaginatifs sur le plan commercial et on le montre tous les jours comme avec par exemple «iZipress». Nous avons encore plein d’idées, d’innovations à proposer notamment sur la qualité du produit en vol et le service à apporter aux passagers. Alors continuez à venir dans les Caraïbes et à emprunter nos lignes.
Nous sommes heureux de compter sur vous et espérons que nous serons toujours votre compagnie de référence pour les prochaines années.

Le Transatlantique en dates :

  •  2000
    Création d’Air Caraïbes née de la fusion d’Air Guadeloupe, Air Martinique, Air Saint-Martin et Air Saint-Barth.

  • 12 décembre 2003
    Premier vol commercial transatlantique de l’Airbus A330-200.
    Très vite, la compagnie s’affirme comme un transporteur transatlantique majeur spécialiste des Antilles. Aujourd’hui, Air Caraïbes opère jusqu’à deux vols quotidiens directs entre Paris, Fort-de-France et Pointe-à-Pitre.

  • 7 février 2004
    P
    our faire face à l’augmentation de la demande, Air Caraïbes met en ligne son deuxième Airbus A330-200.

  • 28 juin 2006
    Mise en ligne d’un troisième Airbus, le premier A330-300 de la compagnie.

  • 15 décembre 2008
    Vol inaugural de la ligne Paris <> Cayenne à bord du deuxième Airbus A330-300
    mettant ainsi fin au monopole d’Air-France. Air Caraïbes assure trois vols directs hebdomadaires dans les deux sens.

  • Juin 2009
    Mise en ligne du troisième Airbus A330-300.

  • 23 novembre 2009
    Mise
    en service du produit TGV AIR reliant la province aux Caraïbes via la gare TGV la plus proche d’Orly, la station Massy TGV. Aujourd’hui, 18 gares réparties sur tout le territoire font partie du réseau. En 2012, 50 000 passagers ont profité de ces billets combinés.

  •  12 décembre 2009
    Vol inaugural des lignes Paris <> Saint-Martin et Paris <> Port-au-Prince
    .
    La compagnie assure respectivement deux et trois vols hebdomadaires réguliers vers ces destinations.

  • Novembre 2011
    Mise en service d’un quatrième Airbus A330-300,
    avec une capacité de 355 sièges et un équipement intérieur subdivisé en trois cabines.

  • 25 mars 2012
    Vol inaugural de la ligne Paris <> Saint-Domingue.

    La capitale dominicaine est desservie par l’avion aux couleurs d’Air Caraïbes trois fois par semaine. Cette nouvelle ligne régulière porte à 33 le nombre de liaisons transatlantiques par semaine

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