Ciné Woulé – Le cinéma aux étoiles

Jean-Marc Césaire a lancé le Ciné Woulé en 1994. Depuis, il a installé son cinéma itinérant en plein air ou dans sa salle gonflable sur toutes les places, sur les plages ou dans les écoles, en Guadeloupe mais aussi dans les îles voisines. Dans son enfance, Aimée Césaire son grand père l’amenait au ciné-théâtre de Fort-de-France. C’est là que sa passion du cinéma est née. Et pendant ses études à Paris, il passait ses soirées dans les salles du Quartier Latin, au Champo ou à la Clef.

Formé en Martinique au métier par Athanase Dorival, qui fut le projectionniste de l’Atlas, la plus ancienne salle de cinéma de France, Jean-Marc commence à projeter des films africains en 16 mm. « Au début, ce n’était pas facile de louer des films en métropole et de les faire venir. Je cherchais des gisements partout, j’ai eu même accès à un fonds de films cubains ! Nos premières séances étaient gratuites. » Vint ensuite le format noble, le 35 mm. «Pour chaque séance, il fallait monter pièce par pièce le projecteur, puis le démonter à la fin de la projection. Et on faisait un entracte au milieu du film pour changer de bobine. » La programmation était constituée de films trop culturels pour le grand public, et ce fut un échec. Le CNC lui a alors proposé d’initier l’opération Vacances au Ciné, ce qui lui a donné accès à un soutien financier et à une programmation plus large mais aussi plus récente. « Nous avons projeté récemment Patmaavat, un film indien sorti en France en 2018. Ce fut un beau succès. » Mais il a bien fallu que Ciné Woulé se mette au numérique. Le cinéma aux étoiles continue ses projections itinérantes, mais depuis un an, Jean-Marc Césaire a investi dans une salle gonflable qu’il installe pour des projections de jour comme de nuit. « On a mis 10 ans à l’acquérir car l’investissement est très important. La salle est climatisée, elle fait 8 mètres de haut, 14 mètres de large et 18 mètres de long, et 125 spectateurs sont accueillis sur des fauteuils gonflables. Nous l’avons inaugurée à la Désirade, où le public était subjugué ! ».

Et bientôt, quand son carnet de route CNC sera bien rempli, Jean-Marc aura droit à son titre d’Exploitant de Salle. Derrière l’aéroport, un nouveau multiplex de 10 salles a été construit par Caribbean Cinemas, qui exploite plusieurs centaines de salles dans la Caraïbe. « Nous veillons à ne pas faire de projections trop près de leur zone de chalandise. Et nous avons également adapté notre programmation hors des blockbusters en favorisant le cinéma indépendant en langue originale sous-titrée, les films d’animation ou les documentaires. » Et ça marche. Sur une année, Ciné Woulé accueille près de 10 000 spectateurs, avec un billet d’entrée à 5€. En plein air, les séances sont gratuites, compensées par des aides des collectivités.

«Nous avons adapté notre programmation hors des blockbusters en favorisant le cinéma indépendant en langue originale sous-titrée, les films d’animation ou les documentaires. »

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Jean-Marc Césaire n’oublie pas son objectif premier, l’éducation à l’image grâce à une programmation variée mais rare et originale. Une éducation populaire chère à son grand-père. Son cinéma s’ouvre sur le monde, fait découvrir à un large public des films d’Amérique du Sud, d’Afrique ou d’Asie. Et la proximité est la clé de tout. En Martinique, Jean-Marc a lancé Ciné Woulé Company qu’il a franchisé. Ciné Woulé a aussi installé son cinéma à la Dominique, privée de salle depuis l’ouragan Maria. « J’ai projeté grâce à des panneaux solaires qui chargent des batteries durant la journée. C’est du cinéma écologique ! » En Haïti, dans un pays sans salle de cinéma, Sinema Anba Zetwal (cinéma sous les étoiles) offre à un large public de tous âges une programmation éducative sur le civisme, le planning familial, la violence faite aux femmes ou l’histoire et la société.

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